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Des uniformes réservés aux femmes au Japon? N’y comptez plus!

Par L'Economiste | Edition N°:6473 Le 14/03/2023 | Partager

Les établissements financiers japonais abandonnent des codes vestimentaires pour femmes, vieux de plusieurs décennies.

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Vêtue d’un costume de son choix, une femme, à l’avant, travaille à un guichet dans le point de vente Kita-Urawa de la Saitamaken Shinkin Bank à Saitama le 6 mai 2022 (Ph. Yuri Nishida)

Ces derniers temps, les clients réguliers de l’agence Kita-Urawa de la Saitamaken Shinkin Bank de Saitama ont remarqué quelque chose d’inhabituel: Kanako Katayama, 36 ans, a troqué son habituel uniforme pour une chemise blanche, une veste noire et un pantalon. Après avoir imposé un code vestimentaire à ses employées pendant 50 ans, la banque nippone autorise désormais Kanako et ses consoeurs à porter la tenue de travail de leur choix.

La Saitamaken Shinkin Bank a longtemps exigé que son personnel féminin, à l’exception des postes de direction et de vente, porte une chemise d’une couleur spécifique, un gilet et une jupe ou une jupe-culotte. Mais depuis mai 2022, ses salariées peuvent porter ce qu’elles souhaitent, tant qu’il s’agit d’une tenue professionnelle appropriée.

La Saitamaken Shinkin Bank fait partie d’un nombre croissant de banques (y compris les shinkin ou coopératives de crédit)-à abandonner cette tradition de plusieurs décennies: imposer aux employées-et elles seules-un uniforme.

Établie en 1969, la réglementation sur le port de l’uniforme dit vouloir  «préserver la grâce et l’élégance» tout en améliorant la productivité au travail. Mais lorsque la Saitamaken Shinkin Bank a récemment interrogé ses collaborateurs sur cette politique par le biais de leur syndicat, la majorité s’est prononcée en faveur de l’abolition de la règle sur la tenue vestimentaire. Certains ont expliqué qu’ils étaient gênés de voir que seules les femmes portaient une tenue de travail imposée. D’autres ont estimé que de ne voir que des femmes en uniforme donnait l’impression aux salariés de l’entreprise et aux personnes extérieures qu’elles étaient subordonnées à leurs collègues masculins.

Dans un grand nombre d’entreprises et de secteurs (bureaux de poste, magasins de téléphonie mobile), les femmes comme les hommes sont tenus de porter un uniforme. Alors comment en est-on arrivé à une obligation réservée au personnel féminin dans les banques? Selon Makiko Habazaki, professeure associée en études de genre au Diversity Promotion Office de l’université de Saitama, ce phénomène est lié à l’histoire particulière de ce milieu.

À partir des années 1960, alors que le Japon connaît une croissance économique rapide, les banques recrutent un grand nombre de femmes comme chargées d’accueil afin de paraître plus accessibles et ainsi attirer de nouveaux clients. La règle de l’uniforme obligatoire pour les femmes est alors établie par des directeurs d’agence qui estiment qu’acheter des costumes coûterait trop cher à leurs employées, moins payées que leurs collègues hommes.

Ces dernières années, les établissements bancaires ont davantage pris conscience des enjeux de la responsabilité sociale et de la nécessité d’atteindre la parité femmes-hommes, ce qui a entraîné un mouvement de suppression des uniformes.

Par Yuri Nishida

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